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Lundi 14 avril 2025 – 18h39
L’écrivain péruvien de renom Mario Vargas Llosa, l’un des derniers grands de la littérature latino-américaine, est décédé dimanche matin à Lima à l’âge de 89 ans, entouré de sa famille, a confirmé sa famille dans un communiqué officiel sur la plateforme X. Avec sa disparition, une page exceptionnelle de l’histoire du roman mondial se tourne, car Vargas Llosa fut le dernier de la génération littéraire du « Boom » qui a changé le visage de la littérature de langue espagnole au XXe siècle.
Un adieu silencieux… et une volonté respectueuse
Selon la déclaration de sa famille, le défunt écrivain a choisi de faire ses adieux à cette vie sans aucune cérémonie publique, préférant célébrer sa vie en privé avec seulement ses amis les plus proches. Les fils ont également expliqué que son corps sera incinéré, conformément à ses dernières volontés.
« Malgré la profonde tristesse ressentie par sa famille, ses amis et ses lecteurs du monde entier, nous puisons du réconfort dans sa longue et riche vie et dans un héritage littéraire qui perdurera après son décès », ont écrit ses enfants Álvaro, Gonzalo et Morgana.
Une vie d’encre et de papier… et un voyage inoubliable
Depuis que son nom a fait ses débuts littéraires en 1963 avec son premier roman, La Ville et les Chiens, Vargas Llosa a consacré sa vie sans relâche à la littérature. Des romans tels que La Serre verte, Conversation dans la cathédrale, Pantaléon et les visiteurs et Le Festin de la chèvre l’ont établi comme un romancier du plus haut niveau.
Son œuvre ne s’arrête pas au roman, mais s’étend au théâtre, aux essais politiques et à la critique littéraire. Parmi ses œuvres intellectuelles les plus marquantes figurent : La Séduction de l’impossible et Un voyage dans l’imagination.
En 2023, il présente à ses lecteurs son dernier roman, Je dédie mon silence, aboutissement d’une riche carrière qui s’achève par son intronisation à l’Académie française, premier écrivain de langue espagnole à réaliser cet exploit.
Un père strict et une enfance difficile
La vie personnelle de Vargas Llosa était aussi complexe et profonde que son œuvre. Il n’a rencontré son père qu’à l’âge de dix ans, et c’est lui qui l’a encouragé à s’inscrire à l’école militaire qui a servi plus tard de toile de fond à son célèbre roman, La Ville et les Chiens.
À l’âge de 19 ans, il épouse sa tante, la politicienne Julia Urquidi, avant de divorcer et de se remarier avec une cousine, Patricia Llosa, avec qui il a trois enfants. Plus tard, sa vie amoureuse a fait la une des journaux après sa relation publique avec Isabel Preysler.
Un conflit entre littérature et politique… et une défaite présidentielle
En plus de son œuvre littéraire, Vargas Llosa s’est impliqué en politique, se présentant à la présidence du Pérou en 1990 mais perdant face à Alberto Fujimori. Face à la pression politique, il obtient la nationalité espagnole en 1993 pour éviter ce qu’il décrit comme un « exil forcé ».
Sa voix n’a jamais été absente des grands dossiers, puisqu’il a exprimé ses positions politiques à plus d’une occasion, notamment sa forte opposition au séparatisme catalan en Espagne, pour lequel il a dirigé le manifeste « Libres et égaux » en 2014.
Une pause avec Gabriel García Márquez… et le coup de poing qui a mis fin à « The Boom »
L’un des moments les plus dramatiques de sa vie fut sa brouille avec son ancien rival et ami Gabriel García Márquez, après un incident célèbre en 1976 où il le frappa dans un cinéma madrilène, mettant fin à leur amitié pour toujours.
La raison est restée secrète, même si certains témoignages suggèrent que Marquez aurait interféré dans la vie conjugale de Llosa.
Un héritage littéraire immortel
Avec la disparition de Mario Vargas Llosa, le monde perd une voix littéraire rare, un miroir clair de la réalité de l’Amérique latine, oscillant entre rêves et sang. L’homme qui a écrit sur les armées, les dictatures, l’amour et les tragédies est parti, mais il a laissé derrière lui un héritage indélébile : une littérature qui sera lue et enseignée pour les générations à venir.